Entretien avec Bernard STIEGLER « Partage de connaissances et éducation populaire à l’heure du numérique »

, par valerie Marchand

Conférence donnée le 7 octobre 2014 à l’ Institut de Recherche et d’ Innovation, Paris.

Extrait : « Le numérique c’est un pharmacon, au sens où Socrate a employé ce mot. Socrate parle d’un pharmacon qui n’est pas le numérique mais qui est l’écriture, l’écriture alphabétique. Ça peut paraître très surprenant que Socrate dise de l’écriture que c’est un poison. Ça peut paraître très surprenant parce qu’on étudie Socrate grâce à l’écriture et qu’on demande à tous ceux qui lisent Socrate d’appendre à lire et à écrire. Comment se fait-il qu’on empoisonne les cerveaux des jeunes gens à qui on demande de lire Socrate ? […] Aujourd’hui le numérique est devenu empoisonnant, parce que, loin de faire ce pourquoi il était fait au départ, à savoir faire monter l’intelligence collective en garantissant l’ouverture du débat public à tout le monde, il a été progressivement préempté, et aujourd’hui il est devenu ce qu’on appelle des plates-formes. Il y a là, malheureusement, une évolution qui ressemble beaucoup à celle qui s’est passée avec les premiers sophistes et qui est extrêmement toxique. Elle prépare une autre très grande transformation qui est l’automatisation généralisée de la société »

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