« Humanités numériques », S. Abiteboul, F. Hachez-Leroy in Encyclopédie de l’humanisme méditerranéen, 2015

, par valerie Marchand

Lu par Vincent Laquais

Références

Serge Abiteboul, Florence Hachez-Leroy. Humanités numériques. Encyclopédie de l’humanisme méditerranéen, 2015. hal-01120259 : https://hal.inria.fr/hal-01120259/file/HumanitesNumeriques.02-2015.pdf
La version française se trouve après la version anglaise

Recension

L’expression « humanités numériques » est perçue tantôt comme un oxymore, tantôt comme une tautologie. Cette sorte d’indétermination peut s’expliquer par l’imprécision des termes« humanités » et « numériques »
Nous vivons une transition des humanités, mais il nous manque un lieu de coordination des efforts et des recherches autour du numérique. Si les humanités numériques ne peuvent pas se réduire à l’utilisation de blogs, sites web etc..., il faut se demander comment le numérique et les théories de l’information transforment en profondeur les sciences humaines et sociales. La distinction entre humanités et sciences perdant de son acuité, il faut réinventer les humanités. De plus, il ne faudrait pas se limiter à la seule science informatique, c’est en définitive une véritable culture numérique (partage de données,...) qu’il faut penser.
Le point de départ des humanités numériques est la représentation des connaissances sous une forme numérique. Se pose alors, de façon renouvelée, le problème de l’authenticité, de l’intégrité et de l’identité de ces connaissances. Cela pose plusieurs défis et problèmes :

 Affaiblissement de la notion d’auteur ;
 Remplacement des constructions monolithiques par un univers de fragment ;
 Constitution et reconstitution de réseaux qui deviennent eux-mêmes des objets d’étude ;
 Réflexion sur l’intertextualité et sur la production d’information et de connaissances ; -.
Si les humanités numériques cherchent à améliorer les informations publiées, à faciliter la mutualisation des connaissances et à formaliser les connaissances, elles peuvent aussi conduire à un affadissement des connaissances. En effet, la formalisation et la structuration ignorent les informations subjectives. Se pose aussi le problème de l’archivage qui, loin d’être réglé par les nouvelles technologies, nous fait passer d’une culture de la rareté à une culture de l’abondance et nous fait courir le risque d’un déluge informationnel.
Les limites de la technique posent aussi des problèmes aux humanités numériques :
 Certains problèmes demandent une puissance de calcul dont nous ne disposons pas ou qui est trop couteuse. Comment alors hiérarchiser les priorités ?
 Les sciences humaines et sociales ne peuvent pas se réduire à des équations. Il ne faut pas oublier que les plus grandes avances reposent sur l’imagination humaine ?
 Le numérique est un univers en constante mutation dans un monde lui-même en mouvement. L’extrême fluidité peut rendre difficile un discours cohérent à long terme.

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